Raffinerie Tamoil : « Une friche industrielle et polluée ! »

Raffinerie Tamoil : « Une friche industrielle et polluée ! »
Raffinerie Tamoil : « Une friche industrielle et polluée ! »

Raffinerie TAMOIL

Souci d’indépendance énergétique

Construite sur des terres agricoles sises à Collombey-le-Grand, classées en zone industrielle pour cette usine, la raffinerie de pétrole TAMOIL est entrée en activité au début des années soixantes.

Selon le Conseil fédéral ce complexe pétro-chimique répondait à un besoin d’indépendance énergétique du pays et ce site industriel de près de 100 ha, installé de part et d’autre du Rhône, présentait l’avantage d’être situé proche de l’Italie et de pouvoir ainsi être approvisionné depuis Gênes à travers les Alpes par le tunnel du Grand-Saint-Bernard.

 

Fortunes diverses et dysfonctionnements à répétition

Dès sa mise en exploitation cette raffinerie qui s’appelait au départ « Raffinerie du Sud-Ouest «  (RSO) a connu des fortunes diverses et a transité entre plusieurs mains avant d’aboutir dans celles des sociétés TAMOIL, elles-mêmes rattachées à une multinationale opaque et à domination libyenne.

Au début des années 2000 l’ultime grand redémarrage de la raffinerie donna lieu à de nombreux dysfonctionnements sur le plan environnemental : dégagements répétés dans l’atmosphère d’épaisses fumées noires, odeurs fortes et persistantes d’hydrocarbures à proximité et à la périphérie de l’usine, bruit intense de l’unité de craquage nouvellement installée, pollution des eaux du Rhône, etc.

 

Ras-le-bol des Chablaisiens

Une pétition émanant de la population chablaisienne impactée par ces dysfonctionnements fut lancée ; ayant réuni plusieurs milliers de signatures, elle fut déposée auprès des autorités politiques des cantons de Vaud et du Valais, demandant une énergique intervention de leur part auprès des responsables de cette usine, afin qu’il y soit mis fin et que ce complexe industriel respecte désormais les normes légales et environnementales.

Entrée en lice et interventions de CHABLAIR

]Le succès de cette pétition déboucha sur la création de l’association CHABLAIR, destinée à poursuivre et à pérenniser l’action citoyenne entamée par la récolte et le dépôt de la pétition.

Nolens volens,après avoir épuisé les voies de recours à disposition et, parfois, sous la menace de sanctions administratives, TAMOIL procéda à divers travaux de mises aux normes et de sécurisation environnementale (contrôle en continu des émissions polluantes des cheminées, étanchéification au sol des réservoirs, etc.) pour la mise en oeuvre desquels l’action de CHABLAIR dans les médias et auprès des politiques ne fut pas étrangère.

 

Arrêt définitif ou mise en veilleuse provisoire ?

En janvier 2015, TAMOIL annonça la suspension de ses activités de raffinage pour une durée indéterminée, avec licenciement de l’ensemble du personnel rattaché à ce site.

Depuis cette date toutes les installations de la raffinerie sont à l’arrêt et pour l’heure, leur sort n’est pas encore fixé, aucun délai pour leur démantèlement, pourtant prévu par la loi sur les constructions, n’ayant été imparti aux responsables de TAMOIL.

 

Assainissement ordonné

Une partie du sous-sol de l’usine ayant été déclaré site contaminé, une décision de procéder à son assainissement selon les normes de l’Osite a été notifée à TAMOIL, à charge pour cette entreprise d’en supporter le coût.

 

CHABLAIR veille au grain

De son côté l’association CHABLAIR suit avec attention les phases de cet assainissement et veillera aussi à ce que le site de la raffinerie ne se transforme pas des années durant en friche industrielle, comme c’est le cas de celle de Crémone en Italie.

Clap de fin 

La raffinerie TAMOIL de Collombey-le-Grand ne redémarrera pas : cette nouvelle a été communiquée publiquement voici quelques jours par la direction de la société exploitante.

A vrai dire cette annonce ne constitue pas une surprise, elle n’est finalement que l’aboutissement d’une mise en veilleuse des installations depuis janvier 2015 et au fil des mois cette fermeture définitive paraissait de plus en plus évidente. L’arrêt prolongé du raffinage, la dispersion du personnel qualifié, l’état de l’usine et le coût de la mise aux normes environnementales en cas de redémarrage ont sans doute découragé les éventuels repreneurs ou investisseurs.

Une page de l’industrie lourde du Chablais se tourne donc aujourd’hui et il n’y a pas lieu de la regretter. En dépit de toutes les réglementations environnementales ou sanitaires applicables, le raffinage pétrolier demeure une industrie hautement polluante pour les trois éléments vitaux que sont l’eau, l’air et le sol ; cette activité industrielle est aussi très gourmande en ressources naturelles, l’eau en particulier (consommation annuelle au temps de son plein fonctionnement : 300’000 m3 d’eau de source !).

La balle est maintenant dans le camp de la commune de Collombey-Muraz : elle dispose des moyens juridiques et des garanties financières pour qu’il soit passé à la troisième et ultime phase de la raffinerie TAMOIL : celle de sa déconstruction et de la remise en état complète des lieux, comme le prévoit la nouvelle mouture de la loi valaisanne sur les constructions.

Il faut en effet éviter que ce site soit laissé à l’abandon et devienne une friche industrielle qui dépare le paysage et soit source de nouvelles pollutions. CHABLAIR souhaite donc que la commune fixe sans tarder un délai à la société TAMOIL pour qu’elle procède au démontage des installations et réhabilite les lieux, opérations qui par ailleurs faciliteront la reconversion du site et le choix de sa nouvelle affectation, et ce d’autant plus que l’assainissement de ses zones contaminées a été décidé et est en cours.